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VII

À SA MARRAINE.


Madame,

Voici le fait. La princesse m’écrit qu’elle ne peut me bâtir un sujet avec l’histoire dont je vous ai parlé, et, dit-elle, voici pourquoi : « Le fond de l’histoire n’est ni extraordinaire ni gai. Les détails sont, en revanche, du meilleur comique ; mais comment donner les détails sans démasquer les personnages ? Il faut y renoncer, conclut-elle, à moins que madame J… ne trouve un moyen. »

Vous êtes déjà, madame, conseillère par droit de conquête, soyez-le encore, je vous en prie, par amour des belles-lettres. Pour ma part, je ne vois qu’un moyen, et je l’ai proposé : c’est de garder les faits autant que possible, les caractères idem, et de changer les hommes en femmes, et réciproquement. Qu’en pensez-vous ? Je l’ai déjà fait et m’en suis bien trouvé. Les vrais ridicules, comme les vrais sentiments, ont peu ou point de sexe. Mais vous trouverez mieux, si vous voulez ; et si, grâce à vous, l’affaire peut s’arranger, vous rendrez un véritable service à votre très toussant et enchifrené serviteur.

Alf. M.
27 février 1837.