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V

À M. MAXIME JAUBERT.


Monsieur,

J’ai essayé ce matin de changer quelque chose à la strophe que vous m’avez donnée et dont vous n’êtes pas content. Après l’avoir retournée de toutes les façons, je trouve que je n’y saurais rien faire de mieux, et qu’il faudrait simplement la conserver. Cependant je vous soumets ce que j’ai pu faire et dont, à votre tour, vous ferez ce que vous voudrez.

S’il est nécessaire, pour le sens général, de conserver le premier vers, comme liaison avec la strophe précédente, on pourrait mettre :

Que l’égoïste seul au chagrin soit en proie,
Quand le sage au banquet s’abandonne à la joie,
Que sur le flot qui passe il répande son pain ;
Il le retrouvera dans un jour de misère.
Le malheur porte un voile, et nul homme sur terre
N’est sûr du lendemain.

Cette strophe serait peut-être une imitation plus exacte du passage de l’Ecclésiaste. L’expression qu’il répande son pain est celle du texte français. Il ne faut pourtant pas trop s’y fier ; car au verset suivant, qui