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La comtesse.

Êtes-vous bien convaincu de ma maladresse ?

Prévannes.

Eh, grand Dieu ! Je n’y songeais pas. Je vous demande pardon, je fais comme Gros-Jean qui en remontrerait…

La comtesse.

Non, monsieur de Prévannes, je ne veux pas me servir de vos espiègleries, je n’en ai ni le talent ni le goût. Si je frappais, j’irais droit au but. Mais votre idée peut être juste ; je vous le répète : je suis offensée, et, quand pareille chose m’arrive… je suis méchante, toute bonne que je suis… je fais mieux que railler, je me venge.

Prévannes.

Courage, comtesse ! c’est le plaisir des dieux.

La comtesse.

Le rendre jaloux ! m’aime-t-il assez pour cela ?

Prévannes.

Nous verrons bien. Il ne veut pas parler, mettez-le à la question, comme dans le bon vieux temps.

La comtesse.

Le rendre jaloux ! lui renvoyer l’humiliation qu’il m’a fait subir ! lui apprendre à souffrir à son tour !

Prévannes.

Oui, il vous aime par trop niaisement, trop naturellement ; c’est impardonnable.

La comtesse.

Oui, l’idée est bonne, elle est juste ; on n’agit pas