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l’autre !… mais je vous répète que le courage me manque.

Prévannes.

Et je vous répète qu’il vous aime. Si je n’en étais pas convaincu, vous donnerais-je ce conseil que vous n’osez pas suivre ? Vous le donnerais-je pour tout autre que Valbrun ? Vous dirais-je un mot ? Dieu m’en garde ! s’il s’agissait d’un mannequin à la mode ou seulement d’un homme ordinaire… mais il s’agit ici d’un entêté, et en même temps d’un irrésolu. Mais il vous aime… il serait bien bête ! Et vous l’aimez, vous êtes fiancés, vous êtes sa promise, comme on dit dans le pays.

La comtesse.

Mais je suis femme.

Prévannes.

Il est honnête homme ; je jurerais sur sa parole comme sur la mienne. Que craignez-vous ? Allons, madame, un peu de courage, un peu de bonté, un peu de pitié, car vous n’avez seulement qu’à sourire !…

La comtesse.

Vous croyez ! Mais si vous restez, vos plaisanteries vont lui faire peur.

Prévannes.

Point du tout, je ne dirai rien, je vais regarder vos albums.

Il s’assied près d’une table.