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saurait rien me confier. Moi, si j’avais le moindre chagrin… mais je n’en ai pas…

La comtesse.

Grâce à Dieu !

Marguerite.

Je vous le raconterais tout de suite, comme à une amie… je veux dire… comme à une sœur qui aurait remplacé ma mère, car c’est bien ce que vous avez fait ; vous êtes mon seul guide en ce monde, mon seul appui, ma protectrice ; vous avez recueilli l’orpheline ; mon tuteur vous laisse faire tout ce que vous voulez (il a bien raison, le pauvre homme !). Mais je ne suis ni ingrate, ni sotte, ni bavarde, et, si vous avez de la peine, il est injuste de ne pas me le dire.

La comtesse.

Tu n’es certainement ni sotte, ni ingrate ; pour bavarde…

Marguerite.

Oh ! ma chère cousine !

La comtesse.

Oh ! ma chère cousine ! Quelquefois… par hasard… dans ce moment-ci, par exemple, vous avez, mademoiselle, ne vous en déplaise, un peu beaucoup de curiosité. Et pourquoi ? Cela se devine. M. de Prévannes doit vous épouser… ne rougissez pas, c’est chose convenue ; pour ce qui est de ma protection, avec votre petite mine et votre petite fortune, vous vous en passeriez très bien ; mais mon mariage doit précéder le vôtre, c’était