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À MADEMOISELLE RACHEL


Si ta bouche ne doit rien dire
De ces vers désormais sans prix ;
Si je n’ai, pour être compris,
Ni tes larmes, ni ton sourire ;

Si dans ta voix, si dans tes traits,
Ne vit plus le feu qui m’anime ;
Si le noble cœur de Monime
Ne doit plus savoir mes secrets ;

Si ta triste lettre est signée ;
Si les gardiens d’un vieux tombeau
Laissent leur prêtresse indignée
Sortir, emportant son flambeau ;

Cette langue de ma pensée,
Que tu connais, que tu soutiens,
Ne sera jamais prononcée
Par d’autres accents que les tiens.