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comme un cadenas à lettres qui ne s’ouvre qu’au mot chat[1]. »

M. Guyot-Desherbiers, chef de la division de législation civile au ministère de la justice, pendant le Directoire, membre du conseil des Cinq-Cents et de celui des Anciens, était un homme de mœurs simples, d’un caractère antique, singulièrement désintéressé, d’un esprit charmant et d’une gaieté inaltérable. Après le 18 brumaire, il vécut dans la retraite. Il mourut en 1828, âgé de plus de quatre-vingts ans. Son fils et ses deux filles avaient hérité de son esprit et de sa gaieté. C’est l’aînée de ces deux filles qui devait donner la vie à un grand poète.

Victor-Donatien de Musset, père d’Alfred, fit ses études au collège militaire de Vendôme. — Sa famille demeurait depuis fort longtemps aux environs de cette ville. — Pendant les guerres de la Révolution, il s’attacha au général de Marescot, premier inspecteur du génie. Il rédigea plusieurs rapports et relations de sièges qui furent remarqués du Premier Consul. En 1806, nommé chef de bureau du comité central du génie, il occupa cette position jusqu’en 1811 et passa ensuite au ministère de l’intérieur sous M. de Montalivet. Destitué, en 1818, par M. Lainé comme libéral, il ne rentra dans la carrière administrative que dix ans plus tard, sous le ministère Martignac. Pendant ces dix ans, il se livra exclusivement à la littérature qu’il avait toujours cultivée.

  1. Le Magasin encyclopédique (troisième année, t. V) a publié un des chants du poème des Chats. On a encore de M. Guyot-Desherbiers une édition des Lettres de Ninon de Lenclos et les Mémoires du comte de Bonneval, avec des notes historiques.