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beaucoup d’autres, et, de plus, c’est une bonne fille. Laissez-la tranquille. Je ne veux pas qu’on parle ainsi de mes camarades.

Le punch est fait. Rachel remplit les verres et en distribue à tout le monde ; elle verse ensuite le reste du punch dans une assiette creuse, et se met à boire avec une cuiller ; puis elle prend ma canne, tire le poignard qui est dedans et se cure les dents avec la pointe. — Ici finissent le verbiage vulgaire et les propos d’enfant. Un mot va suffire pour changer tout le caractère de la scène et pour faire paraître dans ce tableau la poésie et l’instinct des arts.

Moi.

Comme vous avez lu cette lettre, ce soir ! Vous étiez bien émue.

Rachel.

Oui ; il m’a semblé sentir en moi comme si quelque chose allait se briser… Mais c’est égal je n’aime pas beaucoup cette pièce-là (Tancrède). C’est faux.

Moi.

Vous préférez les pièces de Corneille et de Racine ?

Rachel.

J’aime bien Corneille ; et cependant il est quelquefois trivial, quelquefois ampoulé. — Tout cela n’est pas encore la vérité.