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Songez que de tous ceux qui les ont outragées
Ce redoutable dieu les a toujours vengées.
Ses traits assurément n’iraient pas jusqu’à vous ;
Gardez-vous toutefois d’exciter son courroux.
Les Muses n’ont qu’une âme et leur cause est commune :
Toutes elles vont fuir, si vous en blessez une ;
Et loin de ce palais, fait pour les réunir,
Elles s’envoleront pour ne plus revenir.
Songez qu’elles sont sœurs et qu’elles ont des ailes !

Auguste.

Adieu. — Je prendrai soin de vos sœurs immortelles.
Tâchez que le Parnasse, avant de s’irriter,
Quelquefois avec vous vienne me visiter !



Scène IV


AUGUSTE, seul.

Contraste singulier, dans l’humaine inconstance !
Ce paresseux esprit, si faible en apparence,
Qu’une affaire d’État le vienne réveiller,
Se trouve le plus froid, le meilleur conseiller.
Il s’assoit sur son lit.
Pendant de longues nuits et de longues journées,
Quand du monde incertain flottaient les destinées,
Je l’ai vu regardant par delà l’horizon,
Et, seul de son avis, ayant toujours raison ;
Mais qu’Horace en passant le prenne et nous l’enlève,