à Péronne, avait appris une chanson qu’il entendait tous les jours à l’atelier :
Pour aller r’joindr’le régiment, |
Il avait retenu cet air d’un caractère tout particulier, et c’est celui sur lequel il composa plus tard la Vivandière. Mais Wilhem persuada à son ami que cet air peu connu nuirait au succès de la chanson, et qu’il valait bien mieux que lui, Wilhem, en composât un exprès. Béranger, toujours complaisant, surtout quand il s’agit de sacrifier son amour-propre, y consentit ; Wilhem fit l’air, on le mit sur les orgues de Barbarie, et c’est avec l’air : Il faut partir, Agnès l’ordonne, la seule mélodie de Wilhem qui ait pu devenir populaire. Quant à moi, je n’hésite pas à préférer, et de beaucoup, l’air supprimé, dont, au surplus, Wilhem avait reproduit le rhythme et l’allure militaire. Ceux qui savent quel soin extrême notre poëte apporte à choisir ses airs pour les mettre en harmonie avec ses sujets, et produire cette unité dont la puissance dans les arts se fait bien plus sentir que remarquer, ceux-là me sauront quelque gré d’avoir restitué le véritable air de la Vivandière, et replacé la pensée du poëte dans son cadre primitif.