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HUBERT PARRY

leur en accents pathétiques et prouve par sa résignation une inaltérable grandeur d’âme. Mais, la partie vocale de cet oratorio est souvent affaiblie par une orchestration à laquelle, avec tout le respect dû au talent du compositeur, on peut reprocher une importance dénuée d’intérêt.

Contrairement à la plupart des maîtres modernes Parry est beaucoup plus à l’aise dans la composition de la musique de chœurs que dans le maniement de l’orchestre. Le monde merveilleux de beauté dont Berlioz et Wagner ont ouvert l’accès a exercé sur lui peu de fascination et le progrès moderne qui a favorisé l’éclosion d’un si superbe développement du rôle orchestral ne l’a pas rencontré sur sa route. Par là, Parry ressemble beaucoup à Brahms dont la musique, remarquable par la pureté du dessin, offre peu de charme de coloris. Son orchestration est trop souvent d’une épaisseur massive et ce défaut, comme on l’a dit, contribue à donner à ses oratorios une teinte de demi-caractère et un peu archaïque. Toutefois, malgré cette absence d’éclat on est obligé d’admirer beaucoup dans des œuvres comme Judith, Job et le Roi Saül.

Parry n’est pas un mélodique brillant et, dans les passages purement lyriques, l’expression de sa pensée atteint rarement la splendeur ; mais, les scènes plus déclamatoires de ses oratorios sont souvent pleines d’énergie et produisent un grand effet comme le monologue de Job qui est, en réalité, une étude psychologique d’un ordre supérieur. Le Roi Saül renferme un passage d’une égale puissance où le despote par-