Page:Musiciens Anglais Contemporains, Streatfield-Pennequin.pdf/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
HUBERT PARRY


avec une fidélité consciencieuse et le poème n’avait pas une utilité plus grande que de servir de clou d’attache à la partition. La correction de l’accent tonique et l’observance de la cadence métrique étaient considérées comme de peu d’importance. La redondance affectée des mots et des périodes poétiques était pratiquée avec une fréquence qui, de nos jours, produit positivement en effet ridicule. Sous ce rapport Prométhée délivré vint jeter une note nouvelle. Parry, poète plein de charme autant que musicien, a toujours apporté un soin minutieux et raisonné à la mise en musique de ses propres inspirations ou de celles de ses confrères en poésie et son initiative a eu une influence salutaire sur la technique musicale anglaise. Avec lui les expressions ne sont jamais défigurées, comme il en était jusque-là, par une répétition exagérément vaine de mots et l’accentuation syllabique est rétablie avec une exacte mesure. Lorsque sa musique chante les poèmes célèbres de Milton[1] ou de Shelley, l’ingéniosité musicale avec laquelle est reproduite l’exquise subtilité de la cadence poétique fait souvent revêtir à ces vers si connus une beauté rayonnante nouvelle.

Prométhée délivré fut suivi de plusieurs œuvres chorales de moindres proportions parmi lesquelles l’ode

    avant J.-C.), selon la Bible, fut enlevé vivant au ciel dans un char de feu et abandonna son manteau à son disciple Élisée qui hérita de son esprit prophétique.

  1. Milton (John). Poète épique anglais (1608-1674). Milton, auteur du Paradis Perdu, fut secrétaire d’Olivier Cromwell et défendit avec talent la liberté religieuse. Il devint aveugle dans sa vieillesse et mourut dans la misère.