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HUBERT PARRY

Le génie de Hubert Parry se présente comme plus exclusivement national. Sa musique, presque inconnue sur le continent, possède peu d’amis en France, en Italie ou en Allemagne. En Angleterre, à part l’intraitable clan des snobs[1] dont le seul principe en matière d’art est de penser autrement que la majorité, le compositeur et ses œuvres jouissent d’une vénération qui touche à l’idolâtrie, et, l’on découvre facilement l’explication de ce fait dans le caractère essentiellement insulaire de sa musique.

Hubert Parry réalise le type anglais le plus pur par l’extérieur et le tempérament. Si sa musique est la personnification superbe de la nature britannique envisagée sous son aspect le plus noble, notre caractère national ne saurait être mieux recherché dans ses traits qu’en se référant aux œuvres célèbres de Mathieu Arnold[2]. Durant toute sa vie cet écrivain humoriste a souffert de l’impopularité qui est l’apanage ordinaire de ceux qui disent la vérité nue à leurs contemporains ; mais, de nos jours, il est généralement regardé comme le meilleur moraliste de la société et de la littérature anglaise du dix-neuvième siècle. Mathieu Arnold, qui est un poète d’élite, a surtout exercé sa grande influence sur l’esprit de son siècle en Angleterre par ses œuvres en prose où l’on trouve la critique acerbe et d’une impitoyable ironie des principes, des usages et de l’idéal des Anglais

  1. Snob, qualité du parvenu ou du poseur qui fait parade dans la société d’un goût grossier ou frondeur.
  2. Arnold (Mathieu). Poète et écrivain humoriste anglais. Né à Lalcham, Middlesex, le 24 décembre 1822 ; mort à Londres, le 15 avril 1888.