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HUBERT PARRY

prouve la vérité de cette assertion. Durant de nombreuses années il a joui d’une réputation brillamment assurée dans un monde civilisé par l’Art. La plupart de ses opéras ont été applaudis en Allemagne, en Italie et en Angleterre. Manon, Werther, le Jongleur de Notre-Dame, Don Quichotte ont reçu un accueil chaleureux partout où est cultivé l’art de l’opéra. Mais, c’est en France seulement que Jules Massenet a obtenu entière la sympathie qui est nécessaire au génie de l’artiste pour atteindre sa pleine expression. La musique de Massenet est la plus complète personnification du caractère français que le temps moderne puisse offrir, et, seul un Français est capable de sympathiser entièrement avec l’effluve répandu dans chaque œuvre du maître. Si, nous autres Anglais, nous admirons sa psychologie subtile, sa fécondité mélodique et son merveilleux emploi des ressources de son art, au moins son langage ne nous est pas familier. Nous découvrons, pour ainsi dire, la pensée du musicien seulement dans le lointain et notre Manche qui roule ses flots entre nos deux pays fait qu’il sera toujours un étranger dans notre société.

L’Allemagne offre une situation pareille avec la musique de Brahms. Loin des frontières de son pays natal ce maître a reçu un accueil déférent, sinon froid. Son génie sévère a emporté l’admiration de l’Europe entière ; mais, aucun pays n’a éprouvé l’enthousiasme de l’Allemagne pour celui qui était désigné comme le successeur de Beethoven.