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FRÉDÉRIC DELIUS

de ce que lui inspire la vie des champs. La Foire de Brigg est un tableau de l’Angleterre pastorale, de ses comtés de l’intérieur en apparence engourdis et que connaissent peu les Londoniens qui les traversent en saison pour gagner, en express, les sites montagneux de l’Écosse ou les bords de la mer. Là, loin de l’agitation de la ville, la vie passe lentement. Les placides paysans semblent à l’étranger visiteur à peine différents de leurs bœufs qui paissent et ruminent dans les grasses prairies émaillées de boutons d’or et de grandes marguerites, fixant sur le passant leur yeux doux étonnés. Mais, cette tranquillité toute de surface recouvre une vitalité qui reste invisible au spectateur de passage. La musique nous montre tour à tour la vie pastorale sous un aspect riant ou sombre. Delius n’est pas un sentimental. Il sait que dans les réjouissances bruyantes de la fête du pays comme sous la calme beauté du paisible village caché sous les ormes aux larges branches, autour de la vieille tour de l’église, se dissimule la noirceur du mal et du péché, et, avec une infinie habileté il a introduit une note tragique dans sa belle description de la vie champêtre. Ce n’est qu’une suggestion, à vrai dire, mais qui complète la peinture sous la touche d’un véritable artiste.

L’intérêt de l’Été au jardin est plus pictural que psychologique. Après Paris et la Foire de Brigg cette composition peut paraître décevante à cause de l’absence complète de tout élément humain malgré que, dans son genre, elle soit une œuvre d’un grand charme et pleine de beauté. Delius a représenté avec un trait