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FRÉDÉRIC DELIUS

directe sur l’évolution progressive musicale. Son style est au moins aussi avancé pour la forme et l’harmonie que celui d’aucun musicien contemporain ; mais, il semble avoir suivi pour l’expression une méthode indépendante et qu’on ne retrouve pas dans l’héritage de ses devanciers. Il est aussi éloignée de la dernière extension du wagnérisme dont les ouvrages de Richard Strauss[1] sont l’exemple, que de l’expérimentale « atmosphérique » de Claude Debussy[2] et de ses fidèles. Dans plusieurs de ses premières œuvres on remarque, il est vrai, l’influence de Grieg ; mais, on doit reconnaître que c’est seulement dans le sens le moins suggestif que ses dernières productions peuvent être redevables à l’initiative artistique d’autres maîtres de la musique.

Delius se place à égale distance des deux écoles qui, d’ordinaire, partagent les symphonistes modernes : l’école subjective suivant laquelle la musique sert à exprimer les idées, les sentiments et les aspirations personnelles du compositeur, — et l’école objective dont les adeptes recherchent à travers tout ce qui les entoure un sujet nécessaire pour exercer leur art. Une grande partie de la musique de Delius est incontestablement descriptive ; mais elle possède aussi une qualité précieuse. Elle est moins un tableau de la nature qu’une étude réfléchie de son influence sur l’âme

  1. Strauss (Richard). Compositeur de musique bavarois. Né à Munich, le 11 juin 1864).
  2. Debussy (Claude). Compositeur de musique français. Né à Saint-Germain-en-Laye, en 1862. Élève d’Ernest Guiraud. Son opéra Pelléas et Mélisande appartient au genre destructif du leitmotiv wagnérien.