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FRÉDÉRIC DELIUS

tre la colère de l’opposition. Sa glorification ironique, en particulier, de l’hymne national norvégien fut sévèrement critiquée et surexcita le sentiment populaire à un tel degré qu’à une représentation de l’œuvre dramatique un assistant dans le public tira plusieurs coups de revolver sur le compositeur lorsqu’il parut sur la scène, mais, heureusement sans autre résultat qu’une attaque de nerfs produite par la frayeur chez quelques dames présentes.

L’accueil orageux fait à sa musique n’avait pas eu pour effet de décourager le compositeur qui continuait de travailler avec une ardeur inlassable dans sa retraite paisible de Grez-sur-Loing. En 1896-97 il écrit l’opéra Koanga, tiré d’un roman de G. W. Cable[1] ayant pour titre The Grandissimes, Les Grandissimes, et qui est un large tableau réaliste de la vie nègre dans les états du sud de la république américaine. De 1898 à 1900 il s’occupe exclusivement de la composition de deux grands poèmes symphoniques : Life’s Dance[2], la Ronde de la Vie (1898) et Paris, Ein Nachtstück, Paris, Impressions de nuit (1899). Delius devait encore attendre plusieurs années avant que ces œuvres fussent exécutées et il sut employer ce retard à gagner de nouveaux amis en Allemagne. L’active propagande si intelligemment menée en sa faveur par Dr Haym à Elberfeld lui avait conquis des disciples dévoués dont les plus

  1. Cable (Georges Washington). Romancier américain. Né à la Nouvelle-Orléans (Louisiane), en 1844. Son roman les Grandissimes porte le nom d’une famille de ce pays.
  2. Lebenstanz.