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FRÉDÉRIC DELIUS

un compatriote et il nous paie de retour en considérant l’Angleterre comme un pays d’adoption. Mais, si on analyse son tempérament d’artiste il faut reconnaître qu’il est par-dessus tout citoyen du monde entier. Sa musique n’a pas un caractère de particularité nationale ; elle ne connaît aucune frontière. Elle parle avec une égale force de sincérité à tout auditeur français, allemand ou anglais. Je ne doute pas que là soit la véritable raison de la difficulté éprouvée au début par Delius pour trouver un auditoire à ses œuvres de même qu’il est certain que là est contenu le germe vigoureux de son triomphe définitif.

Frédéric Delius est né en 1863 à Bradford, ville industrielle parmi les plus importantes du comté d’York où ses parents s’étaient établis. Sa vocation musicale se révéla de bonne heure et, dès sa première jeunesse, il était un excellent exécutant sur le violon. Mais sa famille le destinait à la carrière du commerce et il était obligé de ne s’occuper de la musique que comme un délassement à ses études sérieuses. Loin d’accepter le sort qui lui était échu, chaque année il devenait de plus en plus dégoûté de la vie des affaires et, à peine âgé de vingt ans, il quitta l’Angleterre pour aller s’établir aux États-Unis dans la Floride, comme planteur d’orangers. Là, dans une solitude choisie Delius pouvait consacrer à la musique ses heures de loisir. En Floride, il n’existait ni Conservatoire, ni Académie, de sorte que sont éducation musicale se poursuivit sans l’aide de professeur. Il lisait avec ardeur tous les livres de théorie de la musique qu’il