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ETHEL SMYTH

une figure indécise. Mais le duo du second acte et surtout la scène du signal de feu placé sur la côte produisent un très grand effet par la gradation d’une rare puissance. Miss Smyth n’avait rien écrit jusque-là qui puisse être comparé à cette page pleine d’exaltation sublime et d’émotion concentrée.

L’opéra en son entier dénonce un effort étendu pour faire jaillir le sentiment et d’un bout à l’autre les nerfs sont soumis à une tension excessive. Cette manière pourrait trahir sa féminine origine aussi sûrement que dévoiler la faiblesse de facture qu’on a coutume d’associer à l’œuvre de la femme, si on ne reconnaissait bientôt que le compositeur des Naufrageurs est singulièrement exempt de ce reproche. La virtuosité du musicien est d’une exquise réalité. Son originalité au charme évident et sa vigueur émotionnelle s’accordent pour faire de son opéra une des œuvres les plus vivantes de notre temps.

Les Naufrageurs ont été écrits originairement en langue française dans laquelle Henry Brewster était réputé maître. Le livret a été traduit en allemand par miss Smyth et son opéra représenté sous le titre de Strandrecht, la Loi de la côte, à Leipzig en 1906. Il a été mis à la scène en anglais à Londres sous la direction de M. Thomas Beecham[1] à His Majesty’s Theatre, (Haymarket), en juin 1909, et au théâtre de Covent Garden, en 1910. Sa représentation aura lieu prochainement à Vienne.

  1. Beecham (Thomas). Chef d’orchestre anglais. Né en 1878.