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ETHEL SMYTH

puissant relief. Miss Smyth a fait un tableau étrangement saisissant de cette côte sauvage de la Cornouailles sans cesse battue par la tempête et telle qu’elle était autrefois, complice inconsciente de la barbarie humaine. Le pivot moral de l’opéra est le prêche qui réunit dans une soumission déférente les pillards méthodistes, curieux mélange de piété vive et de froide férocité qui donne une si particulière saveur à la psychologie du drame. Les personnages — sauf la figure sèche de la vindicative Avis — sont dessinés d’une manière un peu hésitante et incertaine ; mais, le milieu dans lequel tous se meuvent est peint sous une ligne magistrale. La voix mugissante de l’océan semble être le thème grave de la partition de miss Smyth et le vent qui déchaîne la tempête se retrouve dans le souffle puissant qui anime chaque scène de l’opéra.

Admirable aussi est l’art avec lequel les sombres passions de cette sanguinaire population de pêcheurs de la Cornouailles sont traduites par la musique. Leurs instantes prières pour obtenir une mer en courroux, leurs sentiments à l’égard des victimes dont le sacrifice peut rendre favorable la divinité adorée, la fureur soulevée par la trahison de Mark et de Thyrza sont décrits avec une animation et une vigueur hors de pair. Le dessin du caractère des personnages, comme je l’ai dit, est d’un trait moins fouillé. L’homélie incessante du pasteur gardien de la foi fatigue l’auditeur. Malgré sa jeunesse Thyrza n’inspire pas la sympathie et son amant Mark a plutôt