Page:Musiciens Anglais Contemporains, Streatfield-Pennequin.pdf/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
ETHEL SMYTH

s’attarder à des détails superflus. La scène finale en forme d’épilogue a permis à miss Smyth de déployer des qualités supérieures. La musique au contour enveloppant supplée à une situation où la mort domine, et l’œuvre se termine par une évocation, dans le décor crépusculaire et de sombre verdure du prologue, rendue sublime par l’hymne mystique des Esprits de la forêt.

Cette analyse rapide suffira, je l’espère, à convaincre le lecteur des très remarquables qualités de l’opéra de miss Smyth. La sève dramatique du livret et la mâle vigueur de la musique ont été un sujet de surprise pour ceux qui ne voulaient attendre d’un compositeur femme qu’un badinage lyrique sans conséquence et plein de mièvre sentimentalité. Dans la Forêt, miss Smyth s’est élevée beaucoup au-dessus de cette crainte de faiblesse ou d’imperfection de son sexe. Elle a réussi à prouver qu’en musique la femme est capable de rivaliser avec le sexe mâle, même dans l’une des formes les plus sublimes et les plus exigeantes de correction de cet art.

Son opéra The Wreckers, les Naufrageurs, de l’avis de nombreux critiques, a toutefois une valeur d’inspiration plus grande. La collaboration de miss Smyth avec son ami Henry Brewster devait produire une nouvelle œuvre pleine d’attrait pittoresque. L’action se passe au dix-huitième siècle sur les côtes rocailleuses de la Cornouaille, contrée aride et sauvage dont les habitants conservèrent longtemps la barbarie primitive. Nous sommes au temps où leur conversion au