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ETHEL SMYTH

L’œuvre lyrique de miss Smyth possède l’unité de sentiment. La voix puissante de la forêt donne sa tonalité à la partition entière. Mais le compositeur est-il parvenu à décrire musicalement la conception de la superbe idéalité sur laquelle repose le livret ? Je ne puis le reconnaître, pour ma part, sans l’élever au rang de Richard Wagner, le seul musicien de notre temps qui a réussi à traiter une idée poétique de ce genre. Je me bornerai à dire que la musique de miss Smyth a un caractère particulier de romantisme qui la fait classer parmi les compositeurs jouissant d’une forte personnalité. Cette qualité une fois reconnue, la note qui domine dans La Forêt est une vigueur dramatique intense. Malgré une excusable inexpérience, miss Smyth a prouvé qu’elle possédait l’instinct naturel du théâtre. Sa musique répand sur l’action qu’elle soutient une délicieuse clarté d’expression qui, d’ordinaire, ne s’acquiert entière que par une longue pratique. Le mystère symbolique de la forêt séculaire est traduit avec un art extrême dans la scène du prologue et, si le chœur des sylvains fait penser à J. Brahms, le souvenir du maître aimé n’est pas ce qui donne à ce morceau sa moindre valeur. Lorsque les Esprits de la forêt font place aux êtres humains, on sent que la musique revêt un caractère plus positif. Le chœur des paysans plein de verdeur et de brio, les chants du forestier Peter et du nomade sont en leur genre admirables. Le cor d’Iolanthe résonnant dans le lointain, qui voile comme d’une ombre sinistre la gaîté des villageois réunis, produit