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ETHEL SMYTH

pour elle de voler de ses propres ailes. Le séjour d’Ethel Smyth à Florence produisit entre autres œuvres un quintette pour cordes que Frau von Herzogenberg relate en novembre 1883.

Cette composition fut exécutée à un concert du Gevandhaus à Leipzig, en 1884. Durant ces dernières années, miss Smyth voyagea beaucoup en Europe, mais la ville de Leipzig était demeurée son centre de séjour. En 1888, elle eut l’avantage de rencontrer le célèbre compositeur russe Tchaïkowsky[1], qui donnait une série de concert à Leipzig et dans d’autres villes de l’Allemagne. La relation faite par ce dernier d’une entrevue imprévue mérite d’être citée en entier.

« Après l’arbre de Noël et pendant que notre société était assise autour de la table pour le thé chez Brodsky[2], un superbe épagneul de race setter fit irruption dans notre salle et se mit à gambader autour de notre hôte et de son petit neveu qui se mit à lui faire fête. « Cette jolie bête annonce que miss Smyth n’est pas loin d’ici, » s’exclama-t-on à la ronde, et, en effet, après quelques minutes d’attente une jeune femme anglaise, grande, peu jolie, mais possédant une figure expressive et intelligente, fit son entrée dans la salle. Je lui fus présenté aussitôt en qualité de confrère en composition musicale. Miss Smyth est une des rares femmes qui peuvent prétendre être mises au rang des artisans sérieux de

  1. Tchaïkowsky (Peter Iliitch). Compositeur de musique russe (1840-1893).
  2. Brodsky (Adolphe). Violoniste russe. Né à Taganrog, en Russie, en 1851.