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EDWARD ELGAR

presque irritante du printemps fait place à une sensation plus chaude et plus moelleuse. L’été resplendissant semble répandre son effluve à travers la musique ; un battement plein de vie, symbole de la pulsation généreuse du cœur de la nature, règle le rythme étonnant et caractéristique du morceau tout entier. À partir de là, la symphonie poursuit son cours sans arrêt, la gradation succède à l’envi, la musique s’élève à des hauteurs de plus en plus vertigineuses jusqu’à ce que et finalement, après avoir atteint son faîte, elle retombe, pour ainsi dire, dans un océan de tranquillité, et l’œuvre finit dans une paix qui peut paraître divine après avoir traversé tant de tumulte et d’agitation.

J’ai parlé d’Elgar avec un enthousiasme qui pourra paraître excessif à ceux qui connaissent peu ou même pas du tout sa musique et qui professent qu’il est difficile de croire qu’une œuvre musicale digne d’attention puisse éclore en Angleterre. Le temps se charge de prouver si j’ai apprécié à sa valeur le génie du compositeur. Mais, en attendant, il m’est permis pour conclure de rappeler les paroles élogieuses que Richard Strauss lui adressait, au banquet donné en son honneur, après l’exécution du Songe de Gérontius au Festival du Bas-Rhin, à Dusseldorf, en mai 1902 :

« Je regrette que l’Angleterre n’ait pas encore repris sa place marquée parmi les peuples musiciens depuis sa période de grandeur dans l’art de la musique, au moyen-âge. Si elle a manqué de musiciens amoureux du progrès (Fortschritts-männer)