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EDWARD ELGAR

a amené certains critiques peu clairvoyants à insinuer que cette partie était destinée par le compositeur à une marche funèbre en l’honneur du roi défunt. Cependant, il n’en est rien puisque l’esquisse de la symphonie était entièrement écrite au commencement de l’année 1910, avant la mort du roi Edouard[1], et que de plus le larghetto n’a pas un caractère funèbre. Son allure sobre respire la force et la sérénité. Il est un regard tranquille et fier jeté sur le monde et, bien qu’il présente des moments d’émotion presque déchirante où l’on sent que le musicien n’a pas trouvé la voie qui mène à la force d’âme et au repos sans des efforts intérieurs bien au-dessus de la connaissance vulgaire de l’homme, il ne suggère jamais l’angoisse des regrets.

Le rondo qui prend la place du classique scherzo est dans son genre un problème. Si on le juge au point de vue exclusivement musical il produit un certain effet bien qu’il n’ait pas la distinction ordinaire du style d’Elgar. Mais, il est difficile de comprendre comment il se rattache au reste de l’œuvre, et pendant sa course rapide on a le sentiment inquiet de l’intérêt qui y repose caché quelque part et qui déroute tout esprit curieux.

Le finale superbe d’idée ne peut faire place à aucun doute et nous sommes introduits une fois encore dans le royaume étincelant de l’Esprit du plaisir. Là, nous retrouvons la splendeur qui illumine l’allegro initial, — non la même toutefois — car, la fraîcheur âpre et

  1. Le roi Edouard vii est mort en mai 1910