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EDWARD ELGAR

moins le poète désespérant que la vision de beauté qu’il poursuit et qui pénètre la symphonie en chacune de ses parties. C’est la beauté réelle, non la laideur qui retient le regard du musicien. Il chante la florissance non la décrépitude. Dans les passages même d’un sentiment plus profond, si nombreux dans le larghetto, le compositeur tire de la souffrance un élément de force et écarte la faiblesse qu’elle renferme ; puis, la magie de son art fait jaillir la beauté de l’épreuve de la douleur la plus vive.

L’allegro initial donne la note qui domine l’œuvre tout entière. Le printemps est le thème, printemps, rêve des artistes et que les musiciens chantent. Semblable à une source jaillissante, la musique verse soudain ses ondes successives qui montent jusques aux cieux. Son élan et son influence sont irrésistibles et tout ce que le printemps a pu suggérer à un poète la musique le traduit — la sève qui monte, le bourgeon qui pousse, la fleur qui s’ouvre et les froissements d’ailes des oiseaux sauvages en extase amoureuse sous le ciel clair de mars. Toutefois le morceau n’est pas que joie et ravissement. À moitié de son cours une ombre semble couvrir la scène et nous n’avons plus la vision printanière, pour ainsi dire, que « confusément et comme dans un miroir ». Mais le ciel s’éclaircit bientôt, le soleil recommence à briller et cette partie s’achève dans un pur rayonnement.

Le larghetto présente un contraste remarquable avec cette débauche de joie et de couleur. Le fait que la symphonie est dédiée à la mémoire du roi Edouard vii