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EDWARD ELGAR

la terre il semble s’élancer vers des régions merveilleuse de ravissement infini. On a la sensation de l’homme qui, au milieu de ses préoccupations vulgaires serait soudain transporté dans l’extase et, le voile des sens étant déchiré, se trouverait en face du grand mystère de l’Éternité. Mais, la vision s’évanouit peu à peu et nous nous retrouvons une fois de plus sur terre. Cet étrange intermède de contemplation mystique survit même au souvenir et l’œuvre s’achève par des accords d’une gravité sublime.

La seconde symphonie d’Elgar complète sa grande trilogie symphonique de la manière la plus désirable. La lutte et la contemplation font place à la joie et la symphonie en mi bémol est pleine de transports enivrants que nous ne trouvons pas dans les deux œuvres qui précèdent. En tête de sa partition le compositeur a inscrit en épigraphe les deux vers qui commencent le célèbre poème de Shelley[1] :

Rare, rare es tu[2]
Esprit du plaisir,

devise qui doit être prise dans son sens le plus général. La symphonie n’est, en aucune façon, une transcription musicale du poème. Shelley en main il serait vain d’essayer de calquer son poème stance à stance sur les quatre parties de la symphonie d’Elgar. C’est l’Esprit du plaisir lui-même qui inspire le compositeur, et, dans sa musique nous devons rechercher

  1. Shelley, poète anglais (1792-1822).
  2. Rarely, rarely comest thou,
    Spirit of delight.