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EDWARD ELGAR

remarquable beauté qui traduit par la musique les aspirations les plus profondes et les plus pures de l’âme humaine. Une émotion vive et une expression de sublimité dominent toute cette partie. Le thème principal s’élance et lutte au milieu des difficultés, semblable à l’audacieux qui escalade un roc escarpé ; puis, il plane majestueux comme s’il était porté par les ailes de la Foi. Dans cette partie symphonique le compositeur se montre inspiré avec une exaltation particulière. Puis, il semble se mouvoir dans un ravissement extatique à travers un monde dont l’air est de plus en plus raréfié jusqu’à ce que, enfin, l’atmosphère devienne si pleinement chargée de mysticisme que l’auditeur doive comme saint Paul dans sa vision étrange « être ravi dans le Paradis et y entendre des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer ».

La partie finale est à plusieurs égards la plus remarquable et sans contexte celle qui, à une première impression, produit le plus grand effet. Dans l’introduction, d’un sentiment étrange et d’une couleur fantastique, le héros semble plongé dans la léthargie de ses premières luttes et de ses ambitions juvéniles traversent son esprit vague et sont impuissants à le déterminer à l’action. Mais, après un effort suprême il sort de sa torpeur pour se jeter une fois encore dans les combats. À partir de là, la musique ne respire qu’énergie et activité fébriles. La gradation se précipite : puis, l’horizon paraît s’élargir et l’air se