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EDWARD ELGAR

phique. La lutte d’une âme pour parvenir à la lumière, le combat entre l’esprit et la matière — voilà ce que la symphonie dépeint avec les couleurs les plus riches et les plus vives que l’orchestre moderne puisse fournir et que la science jalouse d’un compositeur profondément versé dans l’histoire du progrès musical a pu seule choisir.

La première partie est toute de lutte et agitation. Elle débute un peu à la manière de la grande symphonie en ut de Schubert, par un appel à l’Idéal, sous la forme d’une mélodie pleine de noblesse et de largeur, qui parcourt l’œuvre entière. L’exhortation à une vie plus pure contraste avec l’image des vices du monde, la char et le démon. Des appels de sirène semblent par leur lancinance pousser le héros à sa perdition. La volupté l’entoure de ses filets, l’invocation à l’Idéal souvent interrompue lutte à travers le dédale d’harmonies variées contre le thème sombre et obsédant du mal. L’antagonisme des passions est représenté avec une étonnante vigueur et une verve inépuisable anime toute cette partie qui se déroule sur un mouvement tourmenté.

Le scherzo semble nous transporter dans le monde plus rude du travail. La musique respire vie intense et énergie débordante. On se croirait jeté au milieu de la lutte de l’homme pour l’existence et une mélodie au rythme étrange, d’une insistance pesante et saccadée, nous dépeint le héros qui s’arme pour accomplir sa tâche de vie. Puis, par une transition heureuse le scherzo se fond, pour ainsi dire, dans un adagio d’une