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EDWARD ELGAR

vers d’un style moins original et dont aucune n’a obtenu en Angleterre un succès égal à celui du précédent oratorio. Le premier ouvrage raconte, d’après le texte des Évangiles, la vocation des apôtres et la part prise par chacun d’eux à la vie et à la Passion du Christ. Dans le second, la fondation de l’Église chrétienne est rapportée suivant les Actes des Apôtres.

Le plan général de ces oratorios suit presque pas à pas celui de la Rédemption, de Gounod. Le compositeur s’est efforcé de faire ressortir les incidents dramatiques et pittoresques du récit et un grand nombre de scènes sont traitées d’une façon magistrale. Toutefois, l’un et l’autre ouvrage présentent le défaut d’unité et de cohésion. Chacun d’eux est moins un ensemble artistique qu’une suite de scènes sans lien et l’emploi habile fait par Elgar d’un système de thèmes directeurs ne parvient pas à donner une suffisante continuité à la structure des oratorios. On doit admettre que les Apôtres et le Royaume donnent lieu à beaucoup de belle musique, surtout lorsqu’il s’agit de traduire l’émotion ressentie — comme dans les scènes entre Marie-Magdeleine et Judas Iscariote des Apôtres et dans la méditation de la vierge Marie du Royaume qui sont à la fois d’une haute originalité et d’un sentiment profond — mais, on constate dans le style de chaque oratorio l’absence du souffle épique qui devrait animer des œuvres d’une envergure si ambitieuse.

Après avoir écrit le Royaume, Elgar abandonne l’oratorio pour revenir à la composition orchestrale où il avait recueilli ses plus brillants succès. Ces dernières