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EDWARD ELGAR

puritaine Angleterre a toujours été pour moi un sujet de surprise, car l’œuvre est essentiellement catholique. Il est vrai qu’il y a trente ans un succès non moins décisif accueillit un autre oratorio catholique The Redemption, La Rédemption, de Gounod. Mais le sujet traité par le compositeur s’adressait également aux chrétiens de toute secte et de tout église, et rien dans la manière dont il était présenté ne pouvait choquer la susceptibilité protestante.

Le Songe de Gérontius, au contraire, n’est pas purement catholique, mais absolument anti-protestant de sentiment, et le fait que le sujet n’a pas nui au succès de l’œuvre en Angleterre est la preuve que les préventions protestantes sont moins vives dans le Royaume-Uni qu’elles l’étaient autrefois. Le poème du cardinal Newman[1] qu’Elgar a mis en musique est remarquable, soit qu’on le considère comme une œuvre d’imagination, soit qu’on le définisse un statut poétique du dogme catholique destiné à instruire le fidèle sur ce que l’Église enseigne de la vie au-delà de la nôtre. Il fait la description de la mort d’un croyant, de la comparution de son âme devant le tribunal de Dieu et de son immersion salutaire dans les eaux purifiantes du purgatoire. Il est écrit avec la précision d’un langage soigneusement choisi, ce qui est rare dans la poésie anglaise, surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet qui, d’ordinaire, est enveloppé de mystère, et la valeur littéraire de son auteur ne pourra être contestée

  1. Cardinal Newman (1801-1890).