Page:Musiciens Anglais Contemporains, Streatfield-Pennequin.pdf/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
EDWARD ELGAR

Les Variations ont été suivies de plusieurs autres pièces instrumentales qui montent chez le compositeur une égale maîtrise de l’orchestre moderne, bien que l’individualité du caractère y soit un peu moins frappante. L’ouverture Cockayne[1] est un essai ingénieux pour mettre en musique la vie de Londres. Le brouhaha des rues est imité avec habileté ; mais la note plus fouillée de la vie de la métropole a échappé au compositeur, et son œuvre, bien qu’écrite avec un « métier accompli », est un peu insignifiante et même d’un effet général un peu vulgaire.

Dans l’ouverture In the South (Dans le Midi), Elgar a voulu transporter en musique ses impressions personnelles ressenties en Italie. Arrivé à ce point de sa carrière, il paraît avoir subi l’influence de Richard Strauss, de qui on suit la trace à la fois dans la phraséologie et dans les détails du dessin orchestral de cette ouverture.

Plus originale, quoique d’une couleur moins vive, est l’Introduction et Allegro pour instruments à cordes, pour laquelle Elgar a fait un usage ingénieux de la forme du concerto du dix-huitième siècle, tout en lui infusant l’idée et les émotions du vingtième.

Mais, en Angleterre, ce n’est pas par des œuvres instrumentales que l’on peut faire impression sur l’esprit de la masse. La science de l’orchestre est de trop récente culture. C’est seulement depuis ces trente dernières années que la société anglaise a appris de

  1. Cockayne, pays de badauds. Expression appliquée par Elgar à Londres dont les habitants sont dits « Cockneys ».