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EDWARD ELGAR

plein de sentiment lyrique, une marche d’une vigueur vibrante bien qu’avec une pointe de vulgarité, et surtout la lamentation qu’exhale un roi vaincu au milieu de ses soldats tombés à la bataille, étaient les passages où, d’une façon certaine, la réelle personnalité d’Elgar avait rejeté loin derrière elle le manteau wagnérien dont ailleurs elle s’était couverte.

Jusque-là, Elgar n’était connu du public anglais que comme écrivain de cantate. Il avait, il est vrai, déjà composé des morceaux d’orchestre de divers genres, des ouvertures et des sérénades qui avaient été exécutées en province, mais étaient demeurées presque inaperçues. Il se révélait, à présent, comme un maître de l’orchestre ; il posait les fondements de la renommée qui, si je ne fais erreur, immortalisera son nom lorsque ses œuvres chorales seront déjà tombées dans l’oubli.

Enigma Variations (Variations Énigmes), l’œuvre suivante d’Elgar, eut la bonne fortune d’être présentée au monde musical sous l’égide du célèbre chef d’orchestre Hans Richter[1], qui les fit exécuter pour la première fois en juin 1899 à la salle Saint-James, à Londres, actuellement détruite. L’énigme prête son nom aux Variations, parce que la mélodie qui en est le thème n’est elle-même, selon Elgar, que le contrepoint ou l’accompagnement d’une autre mélodie, celle-ci annoncée comme bien connue de l’auditeur, mais dont le compositeur n’a pas pris le soin de nous

  1. Richter (Hans), chef d’orchestre hongrois. Né en 1848, à Raeb, Hongrie.