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EDWARD ELGAR

et la désillusion l’attendaient à chaque pas. Après deux années d’efforts infructueux, il se résigna à revenir à Worcester.

En 1896, comme nous l’avons vu, la fortune lui sourit et l’exécution de son oratorio La Lumière de la vie le fit remarquer comme un compositeur dont on pouvait attendre de grandes œuvres. Peu de temps après, sa réputation grandissante fut renforcée par l’exécution à Hanley[1], ville importante près de Birmingham, d’une grande cantate King Olaf (le Roi Olaf), œuvre d’une fraîcheur d’inspiration et d’une force rythmique remarquables, et, bientôt il fut chargé d’écrire une cantate pour le Festival de Leeds de 1898.

Caractacus[2], qui est le titre de l’œuvre nouvelle, obtint un grand succès dû à sa technique plutôt qu’à l’inspiration. Le compositeur, qui avait conscience d’être le point de mire de l’Angleterre, avait mis une grande recherche à cet ouvrage où limæ labor[3], un travail ardu apparaît à chaque page de la partition. À cette occasion, on remarqua qu’aucun compositeur anglais n’avait jamais assimilé la méthode de Wagner plus entièrement qu’Elgar ; mais après avoir admiré sa manière de disposer la trame enchevêtrée des motifs directeurs, on reconnut qu’après tout les scènes de son exclusive inspiration laissaient seules sur la mémoire une impression profonde. Un duo d’amour

  1. Hanley, ville du Staffordshire.
  2. Caractacus, roi des Bretons, défait par les Romains (50 avant J.-C.) et emmené en captivité à Rome où il mourut.
  3. Citation du poète latin Horace.