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EDWARD ELGAR

composa plusieurs morceaux du genre, qu’il conduisait l’orchestre dans une société privée d’amateurs à Worcester et qu’il jouait du violon à l’orchestre du Festival annuel des Trois Chœurs. Il n’avait toutefois reçu qu’une éducation musicale irrégulière. Jamais il n’avait franchi le seuil d’une académie, il n’avait jamais pris les leçons d’un professeur ni écrit un exercice de contrepoint. Son père, qui devinait la vocation de son fils, désirait l’envoyer à Leipzig et, res angusta domi, des difficultés de la vie ménagère empêchèrent seules l’exécution de ce dessein. Lorsqu’il eut atteint sa vingtième année, désirant faire sa carrière comme violoniste, Elgar vint à Londres où il suivit une série de leçons de Pollitzer[1]. Mais son projet ne réussit pas et il revint sous les saints ombrages de Worcester, dans la calme solitude des collines de Malvern, pour y poursuivre sa vie paisible dans l’étude. Là, les partitions de grands maîtres ouvertes devant lui, son talent se forma peu à peu.

En 1885, il succède à son père comme organiste à l’église Saint-Georges de Worcester, où il compose une grande quantité de musique pour le service catholique. En 1889, après son mariage, il tourne une fois encore ses pas vers Londres, espérant obtenir dans la métropole une renommée plus grande qu’une ville de province ne pouvait lui donner. Mais la citadelle n’était pas encore prêt à être renversée. En vain il assiège éditeurs et directeurs de théâtre ; le désappointement

  1. Pollitzer. Violoniste hongrois qui résidait à Londres (1832-1900).