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EDWARD ELGAR

soupirer leurs pieux secrets et le repos religieux n’est troublé que par les cris des choucas[1] volant autour du clocher de la cathédrale. À l’intérieur de l’église la paix est encore plus profonde. Une douce lumière pénètre dans la nef imposante d’où de hauts piliers s’élancent, semblables aux arbres d’une forêt vierge, et plongent leur sommet majestueux dans une demi-clarté. Au bas, le service s’accomplit dans le calme de la vénération, pendant que le chant de l’orgue monte sous les arches élevées et que des voix d’enfants, des recoins de la cathédrale, se font entendre comme un chœur d’anges invisibles.

C’est dans une circonstance pareille que j’eus l’occasion d’entendre pour la première fois la musique d’Edward Elgar, et certainement aucun endroit ne pouvait être en harmonie plus complète avec le caractère mystique et religieux de son petit oratorio The Light of life (La Lumière de la vie). C’est au Festival de Worcester de 1896 que j’entendis son œuvre pour la première fois et j’eus conscience qu’une voix nouvelle venait de s’élever en Angleterre. L’œuvre entière me charma par son sentiment intime et par son indépendance à l’égard des conventions de la musique sacrée anglaise. La Méditation d’orchestre, en particulier, par quoi l’œuvre débute, me parut différente de tout ce qu’un compositeur anglais avait écrit jusqu’à ce jour, — différente par le maniement de l’orchestre et différente aussi par la manière d’exprimer l’émotion.

  1. Espèce de petite corneille