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GRANVILLE BANTOCK

l’effet choral. Toutefois, il faut reconnaître qu’Atalante à Calydon est loin de réaliser les espérances que son originalité pouvait éveiller. Cette œuvre respire une passion ardente et une émotion intense est répandue dans cette musique expressive vraiment alliée aux stances magnifiquement sonores de Swinburne[1]. Mais, les difficultés nombreuses que la partition présente sont si excessives qu’aucune exécution satisfaisante n’a pu en être donnée jusqu’à présent, de sorte que, dès le début, la question qui se pose est la possibilité de chanter cette œuvre ardue et fatigante avec une justesse irréprochable. Or, il est douteux que le problème puisse jamais être résolu tant que la voix et le gosier humains seront limités à leur force actuelle. Les nuances subtilement délicates d’Atalante à Calydon que le compositeur attendait d’une subdivision chorale si raffinée n’ont pas davantage été obtenues bien que chaque exécution préparée avec soin ait prouvé la valeur de la thèse artistique de Bantock. Bref, il faut conclure que lorsque le chœur sera parvenu à un degré d’excellence technique égal à celui de l’orchestre les compositeurs verront s’ouvrir devant eux un champ de culture pareil à celui qui a déjà porté tant d’inestimables fruits.

Sans vouloir nier le mérite des essais tentés par Bantock autour de la musique il est remarquable que le public ordinaire, en Angleterre, ne connaît ce compositeur que par une seule de ses œuvres, en

  1. Swinburne (Algernon Charles). Poète anglais. Né à Londres, le 5 avril 1837 ; mort à Putney, faubourg de Londres, le 10 avril 1909.