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GRANVILLE BANTOCK

reposer sur ses lauriers. Il faut citer parmi les œuvres orchestrales importantes qu’il publia alors : l’ouverture The Pierrot of the Minute, le Pierrot de la Minute (1910), exquise composition d’une texture légère et délicate, d’après le poème d’Ernest Dowson[1] ; Dante et Béatrice (1911), poème symphonique de grandes proportions dont l’inspiration pure est développée avec une distinction et une aisance technique réellement magistrales, et, une œuvre qui a un relief d’une vigoureuse puissance, Fifine at the Fair, Fifine à la Foire, drame orchestral, — titre choisi par Bantock suivant son originale habitude, — tiré du conte en vers connu de Robert Browning. Cette composition décrit l’émotion brûlante d’un moderne Don Juan dont le cœur troublé vacille entre sa tendre épouse Elvire et Fifine, danseuse fascinante dont il fait la rencontre à la foire aux plaisirs. Le poème est agrémenté d’un prologue et d’un épilogue en conclusion. Mais, le lien entre ces deux hors-d’œuvre et le sujet principal ne peut être facilement saisi par le lecteur qui n’est pas initié aux mystères du culte intime dont Browning est la divinité.

Le prologue retrace les réflexions philosophiques d’un baigneur qui, l’été, mollement bercé par le flot marin, décrit un papillon aux couleurs délicates voltigeant autour de lui et retire de cet incident léger une morale profonde. L’épilogue, malgré un sens clairement ésotérique, rappelle l’impression de jouis-

  1. Dowson (Ernest). Poète anglais. Né le 2 août 1867 ; mort le 23 février 1900.