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GRANVILLE BANTOCK

maître. Dans la deuxième partie d’Omar Kheyyam les dithyrambes en l’honneur de l’Amour et du Vin, puissances naturelles auxquelles la première section est déjà consacrée en partie, font place à des sentences profondes sur les traverses de l’existence humaine. Cette partie, en tout supérieure, révèle la grandeur du génie de Bantock. L’ironie amère du pessimisme philosophique d’Omar Kheyyam est traduite entière par la musique où une puissance irrésistible d’accent lyrique, une flamme d’une expansion pénétrante attirent une comparaison singulièrement perfide dans son exactitude avec l’esprit de sombre révolte qui anime le poème oriental. La troisième partie a une contexture un peu moins étoffée, bien que l’inspiration soit au moins aussi riche de multiples beautés. L’œuvre témoigne dans son ensemble un rare achèvement et l’on ne sait ce qu’il faut le plus admirer de la verve débordante de l’éloge anacréaontique du Vin, de la beauté voluptueuse des chants d’Amour, de l’indicible ferveur répandue dans les passages sentencieux et philosophiques ou de la science magistrale avec laquelle les sites irradiés de l’Orient, qui tour à tour composent le font de l’admirable fresque, sont suggérés par le traitement orchestral. Et, c’est pourquoi, je me félicite de l’occasion favorable que présente cet article pour appeler l’attention des dilettantes français sur une œuvre qui, placée en réalité au-dessus des conventions et des préjugés nationaux s’adresse avec une égale sincérité à tous les musiciens.

Après Omar Kheyyam Bantock ne voulut pas se