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GRANVILLE BANTOCK

gueur excessive Omar Kheyyam ne donne pas un instant l’impression de la monotonie. Caractéristique en toutes ses parties cette œuvre étincelante puise son animation dans la variété inépuisable de la mélodie, de l’harmonie, du rythme et de l’orchestration qui encadrent le poème persan avec un éclat rayonnant. Le musicien a eu l’idée hardie, d’ailleurs couronnée de succès, de tirer des abstractions du poète trois caractères primordiaux : le Poète, la Bien-Aimée et le Sage, à qui il attribue les stances suivant un ordre naturel et d’accord avec leur personnalité essentielle. Le Poète et la Bien-Aimée unissent leur voix pour chanter l’Amour et le Vin, tandis qu’au Philosophe sont départis les quatrains qui ont trait au problème de l’humanité et au chœur entier une méditation plus profonde et d’une portée universelle dans la nature. Le contraste des voix soli avec le chœur est habilement ménagé ; les scènes de la vie orientale dans leur diversité de couleur sont traitées avec un art consommé. On devine que le musicien a fait appel aux plus secrètes ressources du coloris orchestral pour peindre avec une infinie variété le fond devant lequel se déroule la périégèse psychologique chantée par le poète.

Un critique de l’art, philosophe cynique, a dit que la plupart des chefs-d’œuvre de la musique auraient une valeur plus grande si, la moitié de sa tâche étant achevée, l’auteur avait détruit son œuvre pour la recommencer.

Une analyse sévère d’Omar Kheyyam prouve la