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GRANVILLE BANTOCK

Le poète persan a rimé plus d’un millier de quatrains ; la version de Fitz Gérald en contient seulement cent et un dont plusieurs sont dus à sa propre inspiration. Le reste est une adaptation libre du texte original, arrangée par le traducteur suivant un ordre fixé par lui seul, en vue de donner la plus grande beauté à chaque quatrain et à l’ensemble l’unité d’un poème.

« En un mot », dit M. Fernand Henry, « Fitz Gérald a fait sur Omar le travail de l’abeille : il a butiné sa fleur ; il a extrait et s’est assimilé le meilleur de son suc. Il a composé ainsi cette ingénieuse mosaïque qui reproduit avec ses détails les plus minutieux et en ses nuances les plus subtiles le décalque parfait de l’original. »

Le musicien a fait preuve d’une énergie peu commune en s’attaquant à un monument poétique de cette stature et la longueur du poème seule aurait détourné un grand nombre de compositeurs d’une si gigantesque entreprise. Mais, Bantock n’est pas un homme que la difficulté rebute. Il aurait, toutefois, été plus avisé, il faut le dire, s’il avait résolument écarté de son œuvre un certain nombre de quatrains qui souvent expriment une seule idée sous des formes différentes. La philosophie orientale qui empreint les Rubáiyát de son charme n’aurait rien perdu de sa savent complexe à être enchâssée dans une composition plus restreinte. L’exécution intégrale de l’œuvre colossale de Bantock qui exige des exécutants et de l’auditoire trois heures et demie d’attention soutenue est forcément peu fréquente ; mais, malgré sa lon-