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GRANVILLE BANTOCK

risme le plus grossier alterne avec la discussion des problèmes les plus graves et les plus élevés dont l’esprit humain se puisse inquiéter ; où l’émotion religieuse s’exalte parfois jusqu’au mysticisme pour sombrer d’autres fois dans l’impiété et la négation ; livre familier et excessif, résigné et irrité, brutal et délicat écrit dans une langue dont Omar a gardé le secret, simple, concise, claire, vigoureuse, savoureuse comme un beau fruit, d’un éclat métallique, épurée du luxe fleuri, des mièvreries et des fadeurs de la littérature orientale à laquelle elle n’emprunte que les meilleures de ses métaphores et de ses images ; livre qui choque en tant d’endroits et qu’on ferme en l’aimant parce qu’on éprouve qu’il fut l’œuvre sincère d’un noble esprit et d’un grand cœur ? Ce n’est pas à proprement parler un poème ; c’est un recueil poétique du genre gnomique[1], comprenant une foule de petites pièces détachées, écrites sous forme de quatrains et classées non selon le sens, mais ainsi qu’il était d’usage pour les ghazels[2] des divans, suivant l’ordre alphabétique déterminé par la deuxième lettre de la rime finale de la pièce. »

La version des Rubáiyát de Fitz Gérald peut difficilement être considérée comme une traduction véritable, et, c’est avec raison que John Payne[3] l’a définie « une méditation sur des motifs d’Omar Kheyyam. »

  1. Gnomique. Poème qui contient des sentences morales. Les plus anciens poètes ou philosophes grecs, comme Homère, Hésiode, sont rangés parmi les Gnomiques.
  2. Ghazels. Poésies arabes dont le recueil est un divan.
  3. Payne (John). Poète et critique anglais. Né en 1842.