risme le plus grossier alterne avec la discussion des problèmes les plus graves et les plus élevés dont l’esprit humain se puisse inquiéter ; où l’émotion religieuse s’exalte parfois jusqu’au mysticisme pour sombrer d’autres fois dans l’impiété et la négation ; livre familier et excessif, résigné et irrité, brutal et délicat écrit dans une langue dont Omar a gardé le secret, simple, concise, claire, vigoureuse, savoureuse comme un beau fruit, d’un éclat métallique, épurée du luxe fleuri, des mièvreries et des fadeurs de la littérature orientale à laquelle elle n’emprunte que les meilleures de ses métaphores et de ses images ; livre qui choque en tant d’endroits et qu’on ferme en l’aimant parce qu’on éprouve qu’il fut l’œuvre sincère d’un noble esprit et d’un grand cœur ? Ce n’est pas à proprement parler un poème ; c’est un recueil poétique du genre gnomique[1], comprenant une foule de petites pièces détachées, écrites sous forme de quatrains et classées non selon le sens, mais ainsi qu’il était d’usage pour les ghazels[2] des divans, suivant l’ordre alphabétique déterminé par la deuxième lettre de la rime finale de la pièce. »
La version des Rubáiyát de Fitz Gérald peut difficilement être considérée comme une traduction véritable, et, c’est avec raison que John Payne[3] l’a définie « une méditation sur des motifs d’Omar Kheyyam. »