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GRANVILLE BANTOCK

persan semblent s’être emparés de l’intime pensée du compositeur par la vertu d’un philtre. Pendant qu’un pouvoir mystérieux ouvrait à son génie des horizons sans bornes et favorisait son admirable faculté de suggestion pittoresque, son style acquérait une largeur et une force d’expression inconnues chez lui jusque-là. Fort de l’influence magique épandue par la poésie persane, Granville Bantock a enfanté un chef-d’œuvre qui, à juste titre, peut être rangé parmi les compositions les plus expressives que l’école anglaise ait produites durant ces dernières années.

En Angleterre, les Rubáiyát d’Omar Kheyyam sont familiers à la jeunesse des écoles par la superbe et vigoureuse version d’Edward Fitz Gérald[1], l’une des gloires contemporaines de la littérature classique anglaise. En France, je crois qu’ils sont moins connus bien que M. Fernand Henry[2] ait fait à Fitz Gérald l’honneur de traduire sa version en français, et, je ne puis résister au désir de citer le passage admirable de la traduction où l’œuvre du poète persan est analysée.

« Qu’est donc ce livre extraordinaire qui revêt tour à tour les modes de pensée et d’expression les plus dissemblables, sensuel jusqu’au cynisme, hardi jusqu’à la révolte, amer jusqu’au désespoir ; où la raillerie passe de l’épigramme légère à la satire la plus cruelle ; où la glorification sans mesure de l’épicu-

  1. Fitz Gérald (Edward). Poète anglais. Né à Woodbridge, comté de Suffolk, le 31 mars 1809 ; mort à Merton, comté de Suffolk, le 14 juin 1883.
  2. Henry (Fernand). Écrivain français. Né le 1er juillet 1859.