d’Omar Kheyyam[1]. Avant d’écrire cette œuvre capitale Bantock était déjà, sans conteste, réputé un compositeur d’un brillant avenir. Sa maîtrise de la couleur orchestrale était généralement admirée et son habileté à transporter le charme étrange et exotique de l’Orient dans les formules musicales de l’Occident était particulièrement appréciée. Toutefois, comme œuvre intellectuelle et modèle de l’art vrai sa musique était, suivant l’expression du poète Rossetti[2], singulièrement décevante. Son abondance mélodique portait en elle-même un danger et le jaillissement de son inspiration, trop impétueuse pour ne pas manquer de profondeur, l’exposait à se briser sur le roc. Bref, ses premières compositions, malgré leur indéniable correction de facture, ne possédaient pas l’individualité caractéristique qui seule retient l’attention des vrais connaisseurs de la musique.
Omar Kheyyam, qui est le titre succinct de la partition des Rubáiyát, ouvrait une ère nouvelle dans la carrière de Bantock. La première partie de l’ouvrage fut exécutée au Festival de Birmingham, en 1906 : la deuxième à Cardiff, en 1907, et la troisième à Birmingham, en 1909. Si Bantock avait entrepris la composition d’Omar Kheyyam avec l’inspiration du début pleine d’incertitude, du moins il l’acheva avec la virtuosité d’un maître. Les Rubáiyát du poète astrologue