Page:Musiciens Anglais Contemporains, Streatfield-Pennequin.pdf/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
GRANVILLE BANTOCK

groupe de jeunes et ardents rénovateurs. Loin de se trouver à l’aise sur le terrain frayé de la musique ces jeunes enthousiastes brûlaient de suivre des sentiers nouveaux et, la cognée en main, étaient prêts, suivant la circonstance, à prouver leur zèle à toute épreuve. Bantock parmi eux se signalait par des projets d’une réelle ambition et tels que Berlioz lui-même ne traça jamais un plan musical d’un dessein si grandiose. À cette époque, il songeait à écrire une série de vingt-quatre poèmes symphoniques d’après le poème épique de Robert Southey[1], The Curse of Kehama, la Malédiction de Kehama[2]. Deux symphonies de cette superbe série étaient déjà composées entièrement quand la déesse qui règle la destinée de Bantock d’une manière si paradoxale dans l’art vint le tirer de son rêve pour le jeter tout à coup dans un milieu nouveau. Forcé d’abandonner sa chère revue et de la confier au soin d’un collègue et ami fidèle, il s’empressa de renier la malédiction de Kehama et laissa inachevée sa géniale série de poèmes symphoniques pour accepter l’emploi de chef d’orchestre dans une tournée lyrique. L’entreprise organisée par Georges Edwardes[3], le célèbre impresario du Gaiety Theatre, consistait à représenter dans plusieurs parties du monde A Gaiety Girl[4], Une Demoiselle du Gaiety, opé-

  1. Southey (Robert). Poète épique anglais (1774-1843).
  2. Kehama. Nom hindou imaginaire.
  3. Edwardes (Georges). Directeur du Gaiety Theatre de Londres. Né en 1852.
  4. A Gaiety Girl, opérette. Paroles d’Owen Hall, musique de Sidney Jones.