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GRANVILLE BANTOCK

qui ne devait jamais voir la rampe. Une fortune plus favorable était réservée à un opéra en un acte Cædmar[1] qui fut représenté durant une courte et peu fructueuse saison (1892) sous la direction du signor Lago à l’ancien Olympic Theatre. Cædmar, écrit dans la manière wagnérienne de Tristan et Yseult, offrait certainement une promesse d’avenir, mais ne pouvait être estimé qu’un pur exercice académique de néophyte bien doué.

Bantock, d’une nature vive, avait montré dès l’enfance un esprit entreprenant et son penchant le força bientôt à reconnaître que la musique ne pouvait satisfaire seule sa bouillante activité. Au contraire d’un grand nombre de ses collègues, ce musicien est un érudit et sa culture lui permet, en dehors du domaine de l’art, d’avoir des vues personnelles et originales sur des questions d’un ordre élevé. Lorsqu’il était encore au seuil de sa carrière artistique il sentit la nécessité de s’adresser à un public plus nombreux que sa musique alors ne pouvait lui procurer. Dans ce but il fonda une revue musicale, laquelle, bien que le succès ne fût guère en rapport avec les aspirations du rédacteur, lui permit enfin d’exposer à loisirs ses idées sur des sujets didactiques qu’il désirait traiter depuis longtemps. La New Quarterly Musical Review, la Revue Musicale Moderne trimestrielle, qui vécut de 1893 à 1896, ne pouvait en un si court délai révolutionner le goût musical en Angleterre ; mais, elle eut du moins pour résultat de mettre en évidence un

  1. Cædmar. Héros imaginaire dramatique