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CHARLES VILLIERS STANFORD

Du genre foncièrement national, cet opéra-comique renferme des mélodies populaires qui lui donnent une forte empreinte de couleur locale. Mais, prise dans son ensemble, la musique a une fraîcheur d’inspiration et un sentiment d’une vivacité d’expression irrésistible qui la distinguent des précédents opéras de Stanford. D’une contexture plus claire que les Pèlerins de Cantorbéry et Beaucoup de bruit pour rien, elle affirme une prétention moins ambitieuse pour conserver un entrain naturel et une élégance aimable. Si Dublin possédait un théâtre d’opéra d’une importance égale à Abbey Theatre, qui est le foyer rayonnant du drame national irlandais, Shamus O’Brien serait assurément la pierre assise du répertoire lyrique.

Musicien brillant comme l’est Stanford, qui a excellé dans son art et a fait sienne tour à tour avec avantage chaque branche de la musique, il ne se montre peut-être entièrement lui-même que lorsqu’il écarte de sa mémoire d’artiste tout souvenir de l’Allemagne et de l’Italie pour ne s’inspirer que de son pays natal. J’ai déjà parlé de sa belle Symphonie Irlandaise. Ses deux Rapsodies Irlandaises, op. 78 et op. 84, pour orchestre sur un thème d’anciens chants de l’Irlande d’une franche et superbe mélodie, n’ont pas une valeur moindre. La teinte de gaélique verdeur dont le compositeur ne peut souvent se déprendre, jointe à la vigueur du dessin qui caractérise sa musique de chambre, rend digne d’attention dans cette part de son œuvre ses