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CHARLES VILLIERS STANFORD

du maître aimé. Ceux même à qui le génie du compositeur allemand est le moins sympathique se plaisent à reconnaître que le contraste du tempérament irlandais de Stanford, plein d’ardeur poétique, allié au naturel de Brahms, teuton rêveur et austère, a incontestablement quelque chose de piquant et qui a dû souvent contribuer à la beauté plus grande de l’œuvre.

La souplesse du talent et la grande étendue de la sympathie musicale de Stanford puisent leur preuve éclatante dans ce fait qu’après Brahms le musicien qui a exercé sur lui l’action la plus décisive est Verdi par le Requiem[1] de Manzoni et les œuvres qui ont suivi. La manière de Verdi se fait sentir d’abord dans une Messe en sol, op. 46, écrite par Stanford en 1892, puis, dans un superbe Requiem, op. 63 (1897), un Te Deum, op. 66 (1898) et un Stabat Mater, op. 96 (1907), d’une égale beauté, dans lesquels l’influence italienne devient plus apparente. Un opéra en quatre actes, Much ado about nothing[2], Beaucoup de bruit pour rien (1900), qui vient après, montre que le compositeur a voulu suivre avec fidélité la trame du dessin délicat du Falstaff[3], de Verdi. Du reste, pendant toute cette période, que l’on pourrait appeler italienne, le musicien anglais affirme sa supériorité avec une inten-

  1. Messe de Requiem pour les funérailles d’Alexandre Manzoni, exécutée à l’église Saint-Marc, de Milan, le 22 mai 1874. — Verdi (Giuseppe) (1813-1901).
  2. Much ado about nothing, comédie de William Shakespeare, 1600.
  3. Falstaff, opéra de Verdi. Représenté au théâtre de la Scala, de Milan, en 1893.