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CHARLES VILLIERS STANFORD

lement à tous les genres de la musique. Sa sympathie attractive est d’une rare puissance et son savoir musical étendu. Le style en canon lui est aussi familier qu’aux compositeurs de l’époque élisabéthaine, tandis que l’orchestre moderne riche d’innombrables ressources lui a dévoilé ses arcanes. Mais la diversité même de cette sympathie, sa profonde érudition entraînent par elles seules un danger. La nature sensitive du musicien le rend enclin à retenir l’impression passagère qui le surprend au milieu du recueillement de son labeur artistique, et par là je n’aurais garde d’insinuer que Stanford ait parfois eu recours à l’imitation servile. Nulle preuve plus assurée de la personnalité de son talent ne peut nous être offerte que l’habileté avec laquelle il a su fondre en un tout harmonieux les impressions récoltées autour de lui, et, malgré une influence dont on suit la trace dans chacune de ses œuvres, on retrouve toujours en celle-ci la flamme de son tempérament.

Dans son premier opéra, les Pèlerins de Cantorbéry, l’influence de Wagner est toute-puissante au point de lui avoir fait donner dès l’apparition le surnom de Maîtres Chanteurs anglais. Il est manifeste que le modèle choisi par Stanford est le célèbre opéra-comique du maître allemand : car, le souvenir de Die Meistersinger se retrouve dans les Pèlerins à chaque pas. Loin de moi, cependant, la pensée de reprocher un emprunt facile fait à l’œuvre allemande bien que l’audition attentive laisse une impression suggestive. La vie joyeuse et gaillarde au moyen-âge, en Angleterre,