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CHARLES VILLIERS STANFORD

dans la patrie de John Bull n’a jamais pu être proportionné à son réel mérite. N’est-il pas nécessaire, d’ailleurs, qu’un sang irlandais coule dans les veines pour apprécier entièrement la rude beauté de cette symphonie enveloppée de la légende qui exerce encore sa fascination sur l’Irlande ? Quoi qu’il en soit, la Symphonie Irlandaise a réuni en Angleterre un grand nombre d’admirateurs et ceux même que son charme sauvage et romantique n’a pas transportés d’enthousiasme ont été obligé de reconnaître la maîtrise du compositeur.

La Revanche et la Symphonie Irlandaise, sans conteste, mettaient Stanford au premier rang des musiciens anglais, et, depuis ce temps, ce compositeur a justifié son succès en délectant ses compatriotes par une série ininterrompue d’ouvrages de valeur dans tous les genres de la musique. Chaque œuvre prouve chez lui un idéal élevé, mais plus sûrement le suprême effort de volonté d’une individualité puissante et qui peut être encore un sine qua non quand, pour atteindre au faîte, l’artiste doit ravir son inspiration à la Muse intraitable.

Je touche ici à ce qui me semble être le point vulnérable de l’armure de l’artiste, et peut-être est-il préférable que j’indique tout de suite la raison pour laquelle, à mon avis, sa musique si admirée et si exaltée par ses compatriotes n’a pu obtenir, en définitive, la faveur de nos voisins du continent.

Stanford, comme je l’ai dit, est un musicien doué d’une prodigieuse souplesse : sa virtuosité s’étend éga-